Mon chien est têtu ! C’est la phrase que j’entends le plus souvent dans ma profession lorsque les personnes me décrivent leur chien.
Un de mes professeurs m’avait d’ailleurs dit une fois en rigolant que si je ne connaissais pas une race je pouvais dire « ah oui je connais bien c’est têtu comme race ! » pour faire illusion !
Mais pourquoi pensons-nous toujours « Mon chien est têtu » et pourquoi nous nous mettons derrière ce terme ?
D’après mes observations nous disons de nos chiens qu’ils sont têtus lorsqu’ils ne nous obéissent pas, c’est-à-dire lorsqu’ils ne font pas l’action demandée (alors que nous considérons qu’ils l’ont comprise).
J’ai même entendu bien souvent dans ce cas de figure des maîtres excédés dirent « il se fiche de moi ! ».
Mais est-ce vraiment le cas ? Les chiens font-ils exprès de ne pas obtempérer pour nous mettre en colère ? Qu’auraient-ils à y gagner ? Y aurait-il d’autres raisons possibles à ces échecs ?
Les quatre causes les plus courantes d’un refus :
Je lui demande quelque chose qu’il n’a pas compris
C’est en réalité la 1ère cause de « refus » d’un chien car la compréhension d’un signal humain n’est pas si simple que cela pour nos amis à quatre pattes.
La plupart des gens pensent que si le chien a fait l’action plusieurs fois auparavant il l’a forcément comprise mais c’est loin d’être toujours le cas.
Le chien peut par exemple avoir assimilé que l’action de s’asseoir dans certains contextes lui apporte des récompenses mais ne pas avoir compris le mot « assis ». Il le fait alors spontanément devant sa gamelle ou devant la porte car il en a pris l’habitude mais c’est ici le contexte qui le fait s’asseoir et non notre mot. En dehors de ce contexte il ne comprendra donc tout simplement pas la demande.
Il peut aussi avoir associé la position assise à un geste (conscient ou non de la part des maitres) et non au mot : il ne comprendra donc pas si on lui demande de s’asseoir sans le geste. Beaucoup de maîtres mettent par exemple la main dans leur poche à friandise avant même de demander l’action : cela devient donc le repère gestuel de beaucoup de chien.
Je lui demande quelque chose alors qu’il est concentré sur autre chose
La 2ème cause très courante d’un refus d’obtempérer est les distractions et les émotions.
Si je demande à mon chien de me regarder, s’asseoir ou se coucher alors qu’il a vu un copain chien à trois mètres et veut absolument y aller, il risque de ne pas m’écouter.
La même chose va se produire s’il a peur de quelque chose : il sera incapable de se concentrer sur ma demande.
Les émotions fortes ou les distractions sont donc des éléments essentiels à prendre en compte lorsque l’on demande des actions à nos chiens. C’est à nous d’adapter nos demandes selon la difficulté de l’environnement.
Si votre chien est incapable de s’asseoir à la vue d’un autre chien, éloignez-vous avant de lui demander de le faire par exemple. Nous pouvons bien sûr améliorer la concentration de nos chiens en présence de distractions mais il faut pour cela les introduire très progressivement pour faire en sorte que nos chiens soient en réussite dans ces situations.
Le degré de distractions va bien sûr varier énormément d’un chien à un autre : un chien de chasse va par exemple être souvent très distrait par les odeurs et ce sera déjà un challenge de lui apprendre à lever la tête du sol ! Un chien très peureux sera lui aussi beaucoup plus difficile à concentrer.
Je n’y mets pas les bons moyens
Si mon chien n’obtempère pas à mes demandes cela peut être aussi parce que je ne le motive pas suffisamment. Si je ne récompense pas assez mon chien ou pas de la bonne façon (friandises peu motivantes, caresse sur la tête que mon chien n’aime pas etc.) il ne sera pas enclin à faire les actions demandées et trouvera toujours mieux à faire ailleurs.
Si en plus de cela le maître n’a pas la bonne attitude : il s’énerve souvent, fait ses demandes d’un ton autoritaire, se penche trop sur un chien craintif, attrape sans arrêt son chien au collier pour le forcer à écouter etc. il va se rendre aversif pour son chien.
La relation et la motivation sont deux éléments clefs dans l’éducation d’un chien.
C’est trop difficile
Je peux aussi demander à mon chien des actions trop difficiles pour lui physiquement ou mentalement sans m’en rendre compte. Par exemple demander à un chien dysplasique ou qui a de l’arthrose de s’asseoir peut lui faire mal et entrainer un refus.
Autre exemple qui amène à se dire « Mon chien est têtu » : lui demander de sauter sur la table du vétérinaire alors qu’elle est trop haute, ou qu’il a peur d’être en hauteur, lui demander un rappel alors qu’un autre chien le bloque ou l’empêche de venir etc.
Pour conclure il y a de nombreuses raisons qui peuvent empêcher nos chiens de répondre à nos demandes et au lieu de les cataloguer de « Mon chien est têtu » et par la même occasion de nous dédouaner de toutes responsabilités, mieux vaut prendre le temps d’analyser la situation pour ne plus être en échec la prochaine fois ! N’oubliez pas que nos chiens sont des animaux avec leurs instincts et leurs émotions, ce ne sont pas des robots programmés pour obéir aux humains ! Soyons donc emphatiques avec eux et de bons pédagogues.